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Compte rendu de François LEVEILLE

Les photos  et le programme

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Le film de Nelly et Jean Charpentier
 

Journées inter-promos (56 à 59) à Tulle, les 26 et 27 septembre.

 

En septembre 2007, on s’était quittés dans l’émotion grisante d’une première expérience réussie : « Faudra remettre çà, en 2009 ? »

Eh bien deux ans après, nous étions de retour, dans la vallée de nos souvenirs émiettés...Alors, d’abord, un grand merci à Jean, à Daniel, à André, à Guy, à Jean-Claude, à Jacques, à René, qui ont beaucoup investi, en temps et en énergie, dans ce beau projet de Retrouvailles Tullistes 2ième édition...

Les copains organisateurs avaient dit « Accueil et enregistrement le samedi entre 9 h et 12h » Mais les plus impatients sont sur place dès le vendredi après-midi. Sur les quais et autour de la cathédrale, de nombreux groupes de touristes sexagénaires mais détendus et joyeux, se croisent, se saluent, se reconnaissent,  s’embrassent...

- Qu’est ce que vous faites ce soir ? - On n’a rien prévu, on est libres - Bon ben, on reste ensemble, on va bien trouver un petit resto !

On était une quarantaine, et on aurait eu du mal à trouver un petit resto. Heureusement, le camarade Guy avait prévu le coup et il nous dirigeait sur le seul resto de Tulle et des environs qui pouvait accueillir 40 convives comme ça, au pied levé.

Samedi 9h :

C’est formidable, le beau temps de la veille est reconduit par les autorités locales. L’accueil se fait sur la terrasse de la Taverne du Sommelier par deux épouses gracieuses et indulgentes, prêtes à tout entendre...Le compte y est. « On est combien ?- 85 enfants de troupe, et 145 avec les compagnes et les anciens cadres invités. » Ça fait du monde, sur la terrasse, sur le trottoir, sur la rue, sur la place...Que la fête commence :

- T’es bien conservé, veinard ! Par contre, La Girafe, je l’ai pas reconnu. Remarque, en 46 ans, on peut changer…

- Oui, le Mahoute est arrivé. Avec sa 3ème femme. L’a eu raison de changer.

- Mais non, le prof de français, avec un tarin comme ça, à fumer sous la douche, c’était Picon. C’est la seule année où j’ai eu la moyenne en rédaction.

- La mort du babass André, ah oui ça m’a vrillé le bide. Tout me revenait en vrac...J’avais les larmes qui coulaient.

- Bon, l’est pas loin de midi, l’est où le resto ?

Après ce premier et très bon repas en commun, les uns choisissent de buller en faisant rien, et les autres, de buller en visitant l’abbaye cistercienne d’Aubazine. Quand on partait en perme, Aubazine, c’était pas encore la vie civile, mais quand on rentrait, c’était déjà la caserne ! La visite, commentée, d’un lieu bien conservé et toujours habité par les religieux, fut très appréciée et la guide a salué « un bon groupe, vivant, avec quelques remarques pertinentes... »

Chacun a pris sa part du compliment global.

A 18 heures, tout le monde redevient sérieux pour le pèlerinage à Marbot...Marbot, c’est notre Parthénon à nous. Ce qui reste, tout là-haut, quand, en bas, tout a disparu. Lovy, plus rien, le Champ de Mars, plus rien, les Récollets, plus rien, la Bachellerie, plus rien... Les camions ont évacué des tonnes et des tonnes de gravats et de souvenirs...Et pourtant, ça pèse pas lourd, les souvenirs...Mais Marbot survivra, parce que Marbot a trouvé un repreneur sérieux.

Après les photos de groupe, nous prenons position devant le Monument à la mémoire de nos morts, pour un moment de silence, où chacun retrouve sa verticalité d’adolescent et prend conscience de son appartenance à la communauté des anciens enfants de troupe...La présence des représentants officiels du Conseil Général, de la Préfecture, de l’Ecole de Gendarmerie et du Groupement de Gendarmerie, témoigne d’un attachement sincère à l’histoire de ces lieux et de ceux qui les animèrent pendant quelques décennies.

Puis Jean Claude Chauvignat, aet et conseiller général, nous accueille dans le bâtiment aujourd’hui occupé par le Conseil Général de Corrèze, et nous propose une visite libre de la caserne de notre adolescence en bleu. Au nom des camarades rassemblés, Jacques Orignac prend alors la parole, remercie, et traduit avec justesse ce que ressentent les anciens enfants de troupe de Tulle, quand ils déclinent chacun des 4 mots... Ecole, Militaire, Préparatoire, Technique.

A l’intérieur du bâtiment, tout a été transformé pour un autre usage, on ne reconnaît plus rien, on n’est plus sûr de rien :

- Ici c’était la salle des tours. Ou des fraiseuses.- Mais non, c’était le réfectoire. Tu te rappelles pas, les colonnes et l’entrée, là-bas.

- T’as raison. Y a plus de sciure de bois par terre, mais c’est bien là qu’on graillait. On était combien là-dedans, nous ?

- Ben, 8 sections de 30-32, pas loin de 250.

- Oh dis donc l’heure tourne. A quelle heure, le dîner ? Faut penser à redescendre...

Samedi 20h

On retrouve la même salle pour la soirée mais on ne reprend pas les mêmes places, le temps est compté, il faut rencontrer le plus de camarades possible.

- On va guincher, y a un orchestre - Chouette, i sont combien ?- I sont un, avec un accordéon et de l’accompagnement enregistré.

Entre le filet de veau et le fromage, l’animateur a craqué et il a lâché la sono. On a bien rigolé...Comme il y a 50 ans, sur le même parquet. On a quelques kilos en plus, les raideurs sont là mais se sont déplacées, selon la bonne formule, et les filles sont toujours aussi belles...Daniel a pris le micro : « 2010 est l’année du centenaire de notre Association...Alors mobilisez-vous, participez, c’est important, pour nous, mais aussi pour les jeunes qui arrivent.

L’événement est unique. On ne sera peut-être pas là pour le 2ième centenaire ! »

- Bon maintenant on va se pieuter parce que demain matin faut ...Tu vas où toi ?

- On visite la vieille ville. On l’a fait y a deux ans. En une heure, on découvre des choses qu’on n’a jamais vues en 6 ans.

- Ben nous, on va visiter le Mausolée de Jacques Chirac, comme dit Fildefer.

Dimanche 10h.

Au choix : Office religieux à la cathédrale ou visite guidée de la ville ou visite guidée du musée du Président Jacques Chirac ou visite guidée de rien du tout, pour ceux qui savent ne rien faire...

Dans le Vieux Tulle, il fait toujours aussi beau, et on se sent légers, heureux d’être là, dans une ville qu’on ne connaissait pas...Les hôtels particuliers, les façades ouvragées, les ruelles, les escaliers qui montent, les escaliers qui descendent, la cathédrale et le cloître...

- Eh oui, à 15 ans quand on se promène en rang par 6, au pas cadencé, en attaquant le sol du talon, on voit pas les fenêtres géminées de l’hôtel Machin. On fait gaffe de pas perdre la cadence et de pas marcher sur le talon du gars qu’est devant.

A Sarran aussi, il fait beau et la réputation du musée du président n’est pas surfaite, c’est un incroyable voyage planétaire parmi des objets inutiles mais extra-ordinaires. La guide nous a laissés très libres, elle a vite compris, dès la question de Fildefer: « S’il vous plait madame, où est le tombeau de monsieur et madame Chirac ? » Oui, cette exposition vaut le déplacement.

- Allez, on rentre. Avec les virages, faut compter une demi-heure de route. On se met à la même table à midi. Dis à ta femme de bien suivre.

Au cours du déjeuner, sans surprise, on a retrouvé le président Chirac, dans notre assiette, avec une bonne tête de veau, qu’on n’oubliera pas.

C’était déjà le dernier repas en commun... Alors après le café, les hommes se sont regroupés au centre de la salle et selon la tradition, ils ont chanté : « Vit’ que l’on s’attroupe, voilà les enfants de troupe... » Deux dames échangeaient à voix basse : « C’est curieux ça, chanter vit’que l’on s’attroupe, au moment de se séparer ! - Ben oui, mais c’est toujours comme ça, on va pas les changer - Oh non surtout pas ! »

- Au revoir camarade, au revoir Juliette, bon retour au Pays Basque...On recommence dans deux ans ?

- Pas de problème ! On sera là, si Dieu le veut.

On sera là, parce que Dieu le voudra bien et aussi parce qu’on a des camarades comme Jean, Daniel, Guy, Jacques, André, Jean Claude, René...Alors, encore une fois, avec sincérité et émotion, merci les gars...

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